Commentaires de la vidéo réalisée pour la " Journée du patrimoine sur l'eau "
et le Centenaire de l'Hydraulique agricole
" LA ROUTE DES WATERINGUES "
Carte des Wateringues de la Région wallonne.
L'ensemble des Wateringues actives aujourd'hui se trouvent dans le Hainaut et le Brabant wallon .
Elles sont situées dans le Bassin de l'Escaut.
La Wateringue de la Haine
Son périmètre comprend 760 hectares et elle compte 579 adhérités (propriétaires)
La Vieille Haine a été maintenue grâce à la Rivièrette qui l'alimente à partir de la Nouvelle Haine, au
niveau de la station de l'autoroute à Saint-Ghislain. Celle-ci a reçu au passage le rejet épuré de la station
d'épuration de l' IDEA ( 500.000 équivalent / habitants ) à hauteur de Wasmuël.
Ce territoire est l'exemple parfait de la collaboration dans le temps et dans l'espace des différents
acteurs qui peuvent être amenés à intervenir à l'intérieur du périmètre d'une Wateringue :
- le Ministère de l'Equipement et du Transport (MET),division des Voies navigables(Région Wallonne)
- la Direction Générale des Ressources Naturelles et de l'Environnement(DGARNE) (Région Wallonne)
. Division de l'eau : direction des Cours d'Eau Non Navigables (CENN) , district de Mons-Wavre
. Division de la Nature et des Forêts (DNF), cantonnement de Mons
- la Province du Hainaut par son Service Voyer
- l'Intercommunale de Développement Economique et d' Aménagement (IDEA)
- les communes par leur Service des Travaux (une Wateringue peut s'étendre sur plusieurs communes)
- la Wateringue qui est l'autorité locale compétente dans le périmètre qui lui a été défini par arrêté royal
Images de la Nouvelle Haine longeant l'autoroute et se dirigeant vers la frontière française pour rejoindre
l'Escaut à Condé en passant par Hensies et Saint-Aybert.
Les eaux sont retenues par 3 barrages automatiques successifs, le niveau de la Haine étant plus bas à la
frontière française. C'est d'ailleurs la caractéristique de nos Wateringues par rapport à nos collègues anglais allemands, français, hollandais et italiens : nous ne maîtrisons pas le niveau de l'aval et l'accès à la mer qui donne le niveau d'évacuation définitif .
Le dernier barrage donne le niveau de la Nouvelle Haine en aval sur le territoire belge .
Le confluent de la Nouvelle et de la Vieille Haine flottable donne le niveau de celle-ci et de son amont .
Le confluent de la Vieille Haine et du Grand Courant donne le niveau de celui-ci entre Débiham et la limite du bois domanial d'Hainin . Il passe alors en 2° catégorie jusqu'à la limite de commune entre Hainin et Boussu où il passe en 3° catégorie . Dans tout son bassin, il reçoit les cours d'eau non classés.
Les passages sous la route Hainin-Hautrage, puis sous la rue Rive Gauche de la Haine donne les niveaux successifs du Grand Courant qui prend son cours au Nord du Château de Boussu.
Le moulin de Débiham
Le maintien de la Vieille Haine et le barrage établi à Débiham ont permis la sauvegarde du site du moulin
et la mise en valeur de ce patrimoine architectural hydraulique que le M E T a présenté à l'occasion
des Journées du Patrimoine 2000.
Déversoir d'orage et barrage établi par le M E T et la D N F au sortir du bois domanial d'Hainin : donne
le niveau du Grand Courant dans sa partie en 2° catégorie.
Les cours d'eau avoisinant le château de Boussu
Le site du château est classé en réserve naturelle et est situé en bordure de la Wateringue.
Les cours d'eau et fossés qui avoisinent le site sont en place depuis 200 ans. On les retrouve aujourd'hui
exactement dans la même disposition que sur le cadastre établi pour le Comte de Caraman en 1834.
Au Nord du château, La Vieille Haine recoit le Saubin et serpente au creux de la plaine alluviale.
L'activité dominante dans la Wateringue est l'agriculture accompagnée souvent de la populiculture.
Ces dernières années, nous avons eu le plaisir de voir apparaître un vignoble sur le site de l'ancien moulin des seigneurs de Boussu et le long d'un bras mort de la Haine : la première vendange date de 1999.
La Wateringue de Hyon-Spiennes
Son périmètre comprend 220 hectares et elle compte 217 adhérités
Une copie de plan de 1740 atteste de l'existence du réseau actuel depuis 250 ans au moins
avec les mêmes dénominations de cours d'eau, de pont , de siphon ....
Les inondations fréquentes et brusques dans le bas du village d'Hyon ont rendu nécessaire la construction récente d'un barrage retenant la Trouille avant sa jonction avec le By et la Wampe . Le niveau du barrage a été calculé pour maintenir un bief qui alimente en eau la merveilleuse cascade du 12 ° siècle .
Un régime des eaux favorable aux villageois, aux agriculteurs et aux forestiers a donc pu être établi
tout en respectant le patrimoine architectural .
La Wateringue de Wiers
Son périmètre comprend 1.631 hectares et elle compte 1.208 adhérités.
C'est la plus grande de nos Wateringues et une des plus anciennes (1870). Ses bassins versants couvrent 10.000 hectares et elle longe la frontière française.
Sa situation à la frontière , ses 150 étangs et les demandes très différenciées de ses nombreux adhérités :
- habitants - agriculteurs - populiculteurs - pêcheurs - chasseurs - naturalistes -
l'ont amené à mettre au point un plan de gestion et à construire de nouveaux barrages pour obtenir les
différents niveaux d'eau répondant aux besoins de chacun.
Ce plan de gestion a été établi en accord avec le Parc naturel des Plaines de l'Escaut et en France avec
le Parc naturel des Plaines de l'Escaut et de la Scarpe ainsi qu'avec la Direction Départementale de l'Eau.
La gestion du niveau d'eau se fait par vannes successives et gravitation naturelle : le niveau de la Verne est en effet plus bas que celui de la Wateringue. Le travail réalisé a permis la transformation d'un marécage au biotope uniforme en un ensemble extrêmement diversifié qui a attiré une flore et une faune particulière.
Le niveau de la nappe phréatique est haut, les sources et les puits artésiens sont nombreux : cette richesse a suscité la création de la Transhennuyère qui va pomper d'énormes quantités d'eau pour l'envoyer dans la nappe aquifère de Tournai - Lille. La Wateringue de Wiers craint une catastrophe écologique si cette opération n'est pas menée avec une extrême prudence.
La Wateringue de Hollain-Laplaigne
Son périmètre comprend 560 hectares et elle compte 271 adhérités.
Créée en 1859, c'est la plus ancienne de nos Wateringues.
Le niveau de l'Escaut est ici plus haut que celui de la Wateringue : il faut donc pomper l'eau pour l'évacuer.
C'est ce qui est fait ici en collaboration avec le M E T dont on voit la station de pompage au bout de
la Grande Richelle.
L'Escaut a été canalisé et des bras morts subsistent. En collaboration avec la D N F, la Wateringue
remettrait en service sa station de pompage, située contre un bras mort pour alimenter celui-ci afin de
rehausser le niveau pour améliorer la bio-diversité et le rendre plus attrayant pour les loisirs et la pêche.
Le chemin que l'on aperçoit est constitué par l'ancienne digue du marais qui séparait auparavant la plaine
et la zone humide et qui permet aujourd'hui la circulation et la gestion de ce territoire très diversifié. On
distingue nettement 3 zones :
- la plaine aux riches cultures
- la peupleraie et ses différentes strates arbustives
- la zone humide avec la grande Richelle, l'étang, la roselière et les prairies à jonc
Le travail quotidien de la Wateringue permet le maintien de ces différents sites en harmonie avec l'activité
économique comme le montre l'enlèvement des grumes de peupliers par camion semi-remorque.
Nous quittons Hollain à la frontière française qui passe exactement au milieu de cette vénérable ventelle
maintenue en fonctionnement et qui s'enrichirait volontiers d'une bonne restauration.
La Wateringue d' Andricourt
Son périmètre comprend 335 hectares et elle compte 183 adhérités.
Cette Wateringue nous présente ses cours d'eau non classés autour de " La Bleuze Tartine " jouxtant un
étang. Le curage de ces CENN a été fait récemment : ce travail est indispensable pour le fonctionnement
hydraulique et le maintien de la bio-diversité du site.
En outre , le Rieu de Martimont ( 3° catégorie ) a été curé en 1995 et en 1998 le Rieu de Chapelle à Oie
( 2° catégorie ) qui se jette dans le Secours de la Dendre .
La Wateringue d' Anvaing
Son périmètre comprend 1210 hectares et elle compte 790 adhérités.
Le château d'Anvaing est le fleuron architectural de cette Wateringue. Les travaux de construction ont
débuté en 1560 par le détournement de la Rhosnes pour pouvoir implanter le château au milieu du marais.
Celui-ci est construit sur des pieux en chêne et l'ensemble du site est alimenté par le Rieu du Fêcheux.
Le travail de la Wateringue est indispensable ici pour maintenir ce patrimoine architectural et
environnemental exceptionnel : il faut tout à la fois empêcher l'inondation du site
et conserver les fondations du château continuellement sous eau pour leur bonne conservation .
On aperçoit ensuite la Rhosnes en aval du château ainsi que l'ancien lit provenant de la dérivation de 1560.
Plus loin, se dirigeant vers Audenaerde, la Rhosnes qui a été curée en 1998 et mise sous gabions : la
végétation a repris ses droits immédiatement après.
La Rhosnes innondait régulièrement Audenaerde et Cordes. La solution en direction d' Audenaerde et de
la grande plaine agricole a été de tripler la capacité du lit de la rivière et d'y construire 3 barrages pour
régulariser le flux (cette solution est maintenant officiellement retenue par la Hollande qui la préfère à un
relèvement continuel des berges).
Pour empêcher les inondations de la place de Cordes et des fermes avoisinantes, la Wateringue, avec
l'aide du service des CENN et du Service Voyer, a établi un système de double tuyau en by-pass
aboutissant dans une zone potentiellement inondable. Chaque année , dans chaque Wateringue, des
zones de ce type sont utilisées pendant la période de montée des eaux et retrouve leur destination agricole
peu après . L' AWW a d'ailleurs proposé les services des Wateringues à la D G A T L P dans ce domaine.
La Wateringue de la Vieille Haine
Son périmètre comprend 1077 hectares et elle compte 590 adhérités.
Dans le périmètre de cette Wateringue se trouvent entre autre " Le marais de Douvrain " qui est classé en
Zone Humide d'Intérêt Biologique ( Z H I B ) et à l'intérieur de laquelle se situe la Réserve naturelle
" les Marionvilles " .
La collaboration entre la Wateringue, le service des C E N N, la D N F, l' I D E A, le Service Voyer et
les Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique (R N O B) ont permis d'établir les différents
niveaux d'eau demandés et de démarrer une lutte énergique contre la pollution par les rejets d'égoûts.
Les étangs et la percée de la Gronde sous la S N C B : ouvrage d'art indispensable pour l'écoulement deseaux et l'alimentation du marais.
La Gronde et le Ruisseau des Juifs sont les 2 cours d'eau qui alimentent le marai .
La jonction entre le marais et le Ruisseau des Juifs.
Les images qui suivent donnent un aperçu du résultat de la gestion en concertation dans la Réserve.
- pré humide en friche - zone humide - roselière - prairie humide -
L' AWW a voulu montrer par ce documentaire que les Wateringues travaillent aujourd'hui comme hier :
Le territoire est géré : agriculture - sylviculture - hygiène - lutte contre les inondations et les rats musqués
Le patrimoine rural est sauvegardé qu'il soit hydraulique , architectural ou environnemental.
La bio-diversité des différents sites est conservée et souvent améliorée.
L'amélioration de la qualité de l'environnement s'ajoute à la préoccupation de l'hygiène publique.
Dans les différentes situations rencontrées et résolues , vous avez pu constater que les Wateringues se sont adaptées un peu partout aux différents territoires .
Mais il reste 2 gros problèmes :
1. Les territoires de Wateringue sont également de gros fournisseurs d'eau de consommation pour les
grandes villes et pour la côte .Des problèmes importants surviennent lors de pompages excessifs : c'est le cas pour les Wateringues de la Vieille Haine et de la Haine, cela pourra être le cas aussi pour celle de
Wiers, suite à la construction de la Transhennuyère. La solution passe par une maîtrise en temps réel
de la Région wallonne sur ses richesses hydrauliques et un contrôle précis des pompages, contrôle
effectué en concertation avec les Wateringues concernées.
2. Le rejet des égoûts communaux dans le réseau des Wateringues. Ce rejet constitue une pollution
strictement interdite par le Code de l'Eau et la loi de la Conservation de la Nature (1973).
On aboutit aujourd'hui à une situation kafkaienne ou ubuesque : la Région wallonne a poussé les communes à canaliser tous leurs égoûts vers une station d'épuration. Les communes ont donc concentré et dirigé les effluents vers le point bas ( quand on est en Wateringue le point bas est fatalement un cours d'eau du réseau) et maintenant la même Région a décidé de ne pas construire de stations d'épuration de moins de 2.000 équivalent / habitants ! C'est à dire dans toutes les communes rurales à faible densité de population , ce qui est le cas de la plupart des communes situées dans les périmètres des Wateringues !!!! Alors que s'il y a une loi en écologie qui est reconnue par tous c'est que la concentration crée la toxicité.
La solution à ce problème existe : elle est représentée ici par la station d'épuration de Thulin, station
de petit gabarit et d'une efficacité complète qui rejette une eau propre dans le Rieu d'Elouges.
Terminons la visite par le magnifique esturgeon pêché dans la Vieille Haine à Saint-Ghislain en 1873 qui
mesurait 2,10 mètres de long et pesait 100 livres. Quel plaisir si nous pouvions revoir nos rivières et nos
cours d'eau parcourus à nouveau par une grande diversité de poissons !
C'est à notre génération de le décider ... et alors de mettre nos bottes pour aller à la rencontre des
Wateringues dans leur terroir plein de ruissellements et de gazouillis ... peut-être l'an prochain ?